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« La pratique du sport ne se limite pas à la seule compétition »

Les épreuves des Jeux olympiques ont mis en lumière des personnalités sportives dont un grand nombre provient des quartiers populaires. Or, c’est dans les quartiers populaires que les jeunes pratiquent le moins le sport. Cette élite sportive est l’arbre qui cache une lente désertification sportive. De ce paradoxe doit naître une ambition politique et éducative consistant à redonner à ces jeunes le goût de la pratique sportive.
Plusieurs solutions sont envisageables. La plus illusoire s’appuie sur l’idée que ces sportifs sont des exemples à suivre et qu’il suffit que les jeunes s’identifient à eux pour que, par ruissellement, ils suivent la même trajectoire. Un modèle ne s’impose pas. Il devient un idéal en fonction de la proximité ressentie et pensée entre celui qui regarde et celui qui se montre. Le processus d’identification ne se décrète pas. Il est le fruit de l’imaginaire de chacun.
La solution la plus formelle repose sur la valorisation de la dimension instrumentale de la pratique sportive. Elle consiste à se rapprocher des jeunes qui ne pratiquent pas le sport en vantant ses mérites. Le sport, c’est la santé, c’est développer une meilleure confiance en soi, c’est la possibilité de se faire des amis, etc. On sait que s’appuyer sur des motifs d’agir rapportés et abstraits n’a qu’un impact limité dans le temps sur les effets recherchés.
Pour inscrire la pratique sportive dans la durée, il est primordial de faire vivre aux personnes concernées ses dimensions expressives. La pratique du sport ne se limite pas à la seule compétition. Si elle peut prendre sens dans l’affrontement avec les autres, elle peut également se vivre en venant à bout des contraintes liées à un environnement ou de celles qui sont rattachées à ses propres limites. C’est en offrant à chacun la découverte des différents types de challenge sportif, s’opposer-surmonter-se dépasser, qu’il pourra choisir celui dans lequel il se réalise le mieux, l’inscrire dans ses habitudes de vie et en tirer, alors, des bénéfices sanitaires, psychologiques ou sociaux.
La solution la plus décalée s’appuie sur l’idée que le développement du sport repose avant tout sur sa promotion. Pour encourager la pratique du sport, il faut en faciliter l’accès. Evidemment, sans possibilité de pratiquer, il ne peut pas y avoir de pratique. Cependant, des recherches montrent que le taux de pratique sportive de ces jeunes ne serait pas si bas s’il n’y avait pas, durant les années de collège, un décrochage sportif. Alors que plus de 85 % d’entre eux ont pratiqué un sport, une fille sur deux et un garçon sur trois abandonnent. Si l’on tient compte de ce constat, l’ambition à poursuivre n’est plus de créer du lien. Il existe. Il faut éviter qu’il se rompe. Les actions à mettre en œuvre ne doivent plus se centrer sur l’accès au sport – déclencher la pratique –, mais sur la pérennisation de la pratique sportive – maintenir cette activité dans le temps.
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